Discours de M. le général Cubières, pair de France, ancien ministre de la guerre, membre du Comité d'infanterie : recueillis et précédés d'une notice historique par un officier de l'ancienne armée

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les canons qui furent offerts par le général Bonaparte au nom de la république française.

Depuis quelque temps, on a émis sur les places fortes des idées que nous croyons erronnées, contraires à la nature des choses et propres à égarer l’opinion. On suppose que la construction des forteresses et le rôle qu’elles sont appelées à jouer n’ont qu'un but étroitement défensif ; on paraît croire qu’il n’y à que de la force inerte dans les fortifications , et que leur accorder de l'importance, ce serait nuire à la partie intellectuelle de la guerre, ce serait s’exposer à affaiblir Le courage de l’armée et la confiance qu’elle doit mettre en elle-même; nous pensons, nous, que les forces inertes et les forces actives doivent se préter un mutuel appui; qu'il y a erreur et danger dans l'opinion qui veut les séparer. Nous ne. comprenons pas la préférence qu’on veut donner aux forces vivantes, à l'exclusion des obstacles défensifs pour lesquels on montre tant de répugnance. On prétend que les poitrines d'hommes sont lés meilleurs remparts ; nous disons, nous, que les remparts doublent, triplent, décuplent la farce des poitrines et celle des bras d'hommes; que les remparts sont, en quelque'sorte, des cuirasses d'armée, et que l'emploi de la cuirassé n’exelut pas le maniement de l'épée; enfin; si les places fortes servent parfois de point de relraite aux armées, elles sont aussi des points de départ pour l'offensive.

Dans l'opinion de ceux qui, comme nous, accordent aux places fortes toute l'importance qu’elles doivent avoir, il ne saurait jamais être question de renoncer à impulsion agressive qui a valu à nos armes tant de succès et de gloire, de dénaturer le caractère de la bravoure française, de substiluer une défense timide à celte furia devenue dès long -