Discours de M. le général Cubières, pair de France, ancien ministre de la guerre, membre du Comité d'infanterie : recueillis et précédés d'une notice historique par un officier de l'ancienne armée

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binaisons : fortifier, c’est préparer à l’avance ce qui peut faire perdre le plus de temps et le plus d'hommes à l'ennemi, ce qui doit donner à des forces moindres le moyen d’arréter, d'occuper, de contenir un ennemi supérieur en nombre, et même, en quelques occasions, de résister à une armée toute entière. Contre des obstacles défensifs bien disposés, suflisamment pourvus, vigoureusement défendus, les plus fortes armées risquent de se consumer en efforts impuis= sants et d’étre forcées à la retraite après d'immenses sacrifices d'hommes et de matériel. Un siége coûte souvent à celui qui l’entreprend autant et plus qu’une campagne. Les places fortes d’un Etat composent l’échiquier stratégique de sa défense, c’est autour de certains points rendus inexpugnables , ou du moins mis sur le pied le plus respectable de défense ; &’est autour de ces points seryant de magasins et de dépôts, et dont les garnisons peuvent se réunir dans une circonstance donnée, que doivent se mouvoir les armées actives.

La défense d’un pays n’est pas seulement à la frontière, elle doit s'effectuer sur toutes les positions permanentes ou passagères qui peuvent y concourir à la fois ou successivement, Le pays le plus favorablement disposé pour résister aux invasions étrangères serait celui qui aurait plusieurs lignes de grandes places frontières, bien situées, et qui, en outre, serait pourvu de grandes places construites dans l’intérieur et que j’appellerai places centrales, Vauban était d’avis que la France avait un trop gränd nombre de petites places sur ses frontières et qu’elle manquait de points suffisamment fortifés dans les provinces du centre; éeci ést devenu encore plus évident depuis que les armées coalisées ont, par deux fois; pénétré au cœur de la France.

L'Allemagne n’a pas attendu si tard que nous pout cons-