Discours de M. le général Cubières, pair de France, ancien ministre de la guerre, membre du Comité d'infanterie : recueillis et précédés d'une notice historique par un officier de l'ancienne armée
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dent soucieux de l'avenir, ils ignorent complétement et méprisent l'épargne. Le soldat, messieurs, n’a ni aveuir ni famille, il jouit à peine du présent, et ce présent ne laisse pas que d’être rude ; doit-on s'étonner et s’indigner s’il cherche à s’étourdir quand il en a les moyens ?
Des prodigues, des dissipateurs, il s’en trouve dans toutes les classes de la société; quand la jeunesse a la main pleine d’or, elle ne la iient pas longtemps fermée, et pourtant ce qu'on taxe de légèreté dans les fils de famille, on l'impute à crime aux enfants du pauvre.
Sans aucune intention satirique, ne pourrions-nous approprier à notre sujet l'observation que faisait un malin esprit du siècle dernier? Aux vertus qu'on exige des soldlats , beaucoup d'entre ceux qui dédaignent de l'être seraient-ils dignes de vivre à la caserne?
On est généralement enclin dans l’armée à exagérer les torts des remplaçants, parce que leurs libations ne sont j1mais solitaires, parce que les chefs ont quelquefois à punir dans d’autres soldats les joies et les écarts dont les remplaçants font les frais.
La discipline militaire n’a point de tolérance pour l’ivrognerie ; c’est à peine si la gaîté du cabaret trouve quelquefois grâce à ses yeux ; et cependant le cabaret, c’est le salon du peuple; on s’y grise parfois, mais c’est là qu’on cause ; c’est là qu’on chante, c’est là que se trempe et s’aiguise l'esprit qui chez nous court les rues, et qui ailleurs som meille dans des tavernes.
Tous les remplaçants ne sont pas des dissipateurs; le plus grand nombre contractent dans un intérêt de famille ; une chaumière, un champ à soustraire aux ventes de justice, les dettes de la mauvaise récolte, ou celles d’un hiver rigoureux, tels sont les motifs déterminants du remplace-