Discours de M. le général Cubières, pair de France, ancien ministre de la guerre, membre du Comité d'infanterie : recueillis et précédés d'une notice historique par un officier de l'ancienne armée

LES situation coloniale, et que le rachat de lesclave en argent serait pour les colons un signal et une prime à l’'émigration ; car, je le répète, ce n’est pas de l'argent qu'il faut aux colons, ce sont des bras et des bras, propres à la culture.

Dansles colonies, ainsi qu’on l’a déjà dit, la propriété-homme équivaut aux trois cinquièmes environ de la valeur de l'habitation ou du domaine mis en valeur par le travail des esclaves. La propriété - sol en forme à peine les deux cinquièmes. Ces deux propriétés ne peuvent être divisées, elles influent l’une sur l’autre, et tout ce qui affecte le mobilier vivant réagit profondément sur la valeur du sol.

L'intérêt de l'humanité réclame du Gouvernement et attend de lui une surveillance constante, continuelle, sur la condition des esclaves; mais aucune loi, aucune théorie philanthropique ou philosophique ne sauräit faire que les nègres travailleurs puissent cesser d’être attachés au sol, et, s'il est permis de le dire, à la glèbe, pour employer le mot historique, quelque défaveur qui s'y rattache ; rien ne saurait empêcher que les nègres ne soient les serfs de la terre, à moins qu’on ne veuille entrer dans une voie qui conduirait plus prompte-

ment qu’on ne le pense à la dépopulation des Antilles, à l’abandon du travail, à la ruine de notre commerce.

Messieurs, en tracassant, en tourmentant, en torturant une colonie pour la modeler sur la métropole, 6n croit la civiliser : on ne fait que la froisser, et c’est ainsi qu’on se montre plus empressé de faire vite que désireux de faire bien. Mais, nous le demandons, serait-ce donc un sort si déplorable, faudrait-il gémir si les nègres parvenaient peu à peu, en se moralisant, en s’éclairant, à la condition actuelle du paysan russe, et qui était il n’y a pas silongtemps celle du paysan européen?

Je suis convaineu, quant à moi, et je voudrais convaincre Ja chambre de ce que je crois très-vrai, à savoir que la condition des esclaves dans les colonies francaises est satisfaisante, que cette condition s’est constamment et considérablement