Discours de M. le général Cubières, pair de France, ancien ministre de la guerre, membre du Comité d'infanterie : recueillis et précédés d'une notice historique par un officier de l'ancienne armée

et

lent l’émancipation immédiate nous disons : Il est trop tôt; car, si vous voulez l’affranchissement par les moyens moraux, par la religion et l'instruction, laissez à la religion et à l’instruction le temps de pénétrer dans les masses que vous voulez émanciper.

L'honorable préopinant a résumé son opinion en ces mots : Tout ce que vous avez fait jusqu’à présent par vos ordonnances et même par vos lois, n’a fait qu’apporter le trouble dans les colonies, n’a réussi qu’à introduire des brandons de discorde et des causes de perturbation parmi les esclaves et les maitres. La conséquence de l’honorable préopinant est celle-ci : il n’y a plus rien à faire par les moyens progressifs; il ne nous reste qu’à ouvrir les portes {outes grandes à l’émancipation. Et en effet, messieurs, l'honorable comte Beugnot a enveloppé dans une même réprobalion et la loi du 15 avril 1318, qui a promis l'abolition de l'esclavage, et celle du 24 avril 1833, qui a conféré les droits politiques aux affranchis, et l’ordonnance sur le recensement, et enfin l’ordonnance sur le patronage. Il n’a vu dans toutes ces mesures législatives ou administratives que des causes de conflagration.

Heureusement que Al. le ministre de la marine nous a rassurés; qu’il nous a dit ce que nous avions tous pressenli, que l’introduclion de ces mesures a pu causer quelques perturbalions momentanées dès le début de leur application; mais que bientôt on s’y était accoutumé; que, par sa prudence, le Gouvernement était parvenu à les faire prévaloir et à en tirer des avantages réels. °

Nous sommes donc bien éloignés de blâämer ces essais, et d’en tirer la conséquence qu’il n’y a plus rien à faire de progressif, et qu’il faut terminer, compléter au plus vite l’émancipation. On nous dit : « Mais vous n’en finirez pas; et, si vous n’en finissez pas, les mulâtres en finiront pour vous. » C’est là,