Discours de M. le général Cubières, pair de France, ancien ministre de la guerre, membre du Comité d'infanterie : recueillis et précédés d'une notice historique par un officier de l'ancienne armée

messieurs, une menace qui heureusement n'a rien de sérieux. Nous savons ce qui se passe aux colonies; nous n’ignorons pas que l’affranchissement y a produit une population flottante assez embarrassante, mais qui n’est pas en étal d'imposer ses volontés.

C’est sur cette population affranchie que devrait se porter principalement l'attention du Gouvernement ; c’est isur les moyens de la contenir, de lui donner du travail, de la moraliser, d'éviter qu’elle ne devienne dangereuse, qu'il y a des mesures à prendre.

On dit que cette population affranchie est d’un mauvais exemple pour les esclaves, et l’on ne croit pas que des esclaves affranchis puissent venir, comme on l'avait annoncé, puissent venir redemander leurs chaînes. Messieurs, ‘les chaines que redemandent les affranchis, c’est du travail; les chaines du travail, nous les portons tous : elles sont aussi pesantes’en Europe que partout ailleurs.

Messieurs, on vous a dit que, dans nos habitudes de tyrannie, nous ressemblions assez à ces sauvages qui ne voulaient pas renoncer tout d’un coup à manger de la chair humaine, et qui consenlaient à n’en manger qu’une fois par semaine.

Eh bien, messieurs, je n’éprouve pas de difficulté à avouer que nous sommes anthropophages de ces idées exagérées de liberté, qui engendrent le trouble, la spoliation, l'agitation , le désordre ; ces idées-là doivent avoir le sort des enfants de Saturne : il faut les dévorer à mesure qu'elles naissent, afin

qu’elles ne dévorent pas leurs pères. (On rit.)

Messieurs, en 1804 on faisait un grave reproche à un homme de génie, qui était alors consul cu empereur; on lui reprochait de rétablir l’esclavage dans les Antilles. Il répondit : Je veux y rétablir l'esclavage, parce que je veux y rétablir l’ordre, parce que je veux mettre fin à l'anarchie, parce que je veux rétablir la sécurité détruite ; voilà pourquoi. je