Discours sur la fraternité républicaine, prononcé le décadi 20 pluviose, de l'an second de la République française, une et indivible

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votre devoir ! Comment , dis-je , dans ces malheureuses contrées , cette éternelle vérité, tous les hommes sont frères ; pouvait-elle être généralement accréditée ! A-t-on jamais pu regarder , comme des frères, ces mêmes hommes qu'on ne rougissoit pas de retenir sans cesse comprimés sous le joug d’un pouvoir tyrannique? Et lorsqu'on a le malheur d’être , en quelque façon , familiarisé avec l’esclavage , quelqu’adoucissement que l’'habitude puisse apporter aux peines que l’on éprouve ;, est-il possible de se persuader aisément qu'on ne doit voir que des frères dans des hommes qui , habituellement , font entendre la voix d’un maître qui veut que tout lui cède , et ressentir les effets plus ou moins doulourenx d’une autorité absoiue ?

Non, il ne se peut pas que, dans tous les endroits où il n’y a que des tyrans et des esclaves , l’on croie universellement ne former, en effet, qu’une société de frères. Là ,.on ne voit guères que deux classes d'hommes , dont les uns s'imaginent n'être nés que pour commander ; arbitrairement , au plus grand nombre de leurs concitoyens; et les autres sont souvent ;, hélas ! persuadés que l’auteur de la nature les a faits pour obéir aveuglément, et souffrir , sans se permetire le plus léger murmure. : "

Que si, dans les contrées qu'infectent