Entre slaves
LA SERBIE EN 1885. 3
que les Bulgares détruisent à leur gré le traité de Berlin, qu'ils doublent d’un seul coup leur territoire et acquièrent ainsi, à notre détriment, une influence prépondérante en Macédoine. »
C'était le thème qui circulait partout, du café au journal, du journal à la maison: mais que faire? Chacun avait sa solution. On ne s’entendait que sur un point : le gouvernement devait agir: telle était la conviction générale. De Belgrade, malgré la lenteur des communications, la province, par l'organe de ses comités, reçut rapidement le mot d'ordre. Le contrecoup fut très vif. De tous les points du pays, on manifestait le même désir de ne pas supporter l’agrandissement du voisin.
La fibre patriotique était touchée. La fierté du peuple serbe, retrempée dans les guerres de l’Indépendance contre la Turquie au commencement du siècle et dans celle de 1876, malgré les échecs qui la signalèrent, le souvenir des vieilles gloires qu'on entretenait avec soin depuis deux outrois générations dans l'esprit du peuple, servaient de terrain à l’éclosion d’une nouvelle pousse de patriotisme.
Tout Serbe politicien est convaincu, comme on le sait, que le royaume du grand Douchan sera rétabli le jour du fameux partage de la Turquie. Le territoire actuel de la Serbie ne formera que la moindre
partie du futur État qui embrassera en outre la - Vieille-Sérbie, toujours la propriété du Sultan, et la