Entre slaves
LA SERBIE EX 1885 3
miquement, la puissante voisine tient dans sa main le sort du pays, malgré le récent débouché sur Salonique, qui n'est pas près de rendre à la Serbie son indépendance. Politiquement, en lui enlevant l'espoir de réunir la Bosnie et l'Herzégovine à la mère-patrie, elle a jeté dans tous les cœurs des patriotes serbes les germes d’un ressentiment irréductible.
Les événements de Bulgarie n’offraient-ils pas l’occasion attendue d'élever une vigoureuse protestation, à la suite de laquelle on obtiendrait peut-être de l'injuste Europe le redressement des torts soi-disant causés précédemment à la jeune nation?
Au milieu de ces agitations patriotiques, autre chose percçait.
LA Skoupchtina et le ministère progressiste, qui, avec M: Garachanine à sa tête, gouvernaient le pays depuis trois ans, étaient bien d'accord, mais le sentiment populaire était sourdement hostile au roi.
À différentes reprises, celui-ci avait montré une énergie froide et laissé éclater trop vivement son mépris, non pour la masse du peuple, mais pour la classe politicienne, l’entelligence, qu'il chargeait volontiers de toutes les faiblesses, en oubliant un peu les siennes, il est vrai. Il l’accusait de nourrir une ambition effrénée du pouvoir, de ne rechercher que places et profits, au détriment des intérêts généraux de la nation.