Entre slaves
LA SERBIE EN 1885 11
à mettre les Bulgares à la raison, en prenant un air résolu et en déclarant bien haut que si la Porte faiblissait vis-à-vis de ces derniers, ce serait au tour des Serbes d'entrer en scène.
Dans ce but, on hâtait la mobilisation et on décrétait l'ouverture de la Skoupchtina à Nisch, pour lui demander les crédits nécessaires et lui exposer solennellement la situation du pays.
Si la Porte ne bougeait pas, ces mesures mettraient la Serbie en état de se retourner, et si l’on renonçait à entrer en lutte avec la Turquie, on déclarerait la guerre à la Bulgarie.
Le cabinet autrichien avait naturellement, à cette heure agitée, une voix prépondérante dans le conseil à Belgrade. Le ministre d'Allemagne, le comte de Bray, grand chasseur, se livrait à sa distraction favorite sans se soucier des événements. [l avait ordre de rester neutre, mais il conseillait personnellement le roi, son grand ami, et ses conseils appuyaient plutôt ceux du comte de Khevenhuller, le ministre d’Autriche-Hongrie. |
A Vienne, M. de Kalnoky ne possédait pas à cette époqueune vue aussi large qu'ill’eutplus tard sur la question bulgare. Depuis la création de la principauté bulgare, l'Autriche, simple spectatrice, mais passionnée du jeu entre les diplomates russes et lesintrigues des Bulgares émancipés, ne songeait pas à s'élever en face de la Russie et à lui dire : « Allez-vous-en d'ici. »