Entre slaves
16 ENTRE SLAVES
indépendance. Le Turc détesté gardait un pied dans le pays. Il occupait encore la forteresse de Belgrade et rappelait ainsi, à chaque heure, aux Serbes que si Miloch était leur chef, le Sultan, du fond de ses palais dorés du Bosphore, possédait encore la toute-puissance sur le Danube. Miloch sentait trop l'humiliation de cette condition pour ne pas y échapper en venant la cacher dans la retraite. A Belgrade, le poids de sa vassalité l’étouffait. À Topschidéré, il respirait et se croyait libre.
On a vite fait de parcourir la modeste demeure. Au rez-de-chaussée, une grande pièce nue, où attendaïent les visiteurs, les Voïvodes couverts de costumes brillants, les Haiducks aux larges ceintures garnies de poignards et de pistolets, les simples paysans en manteaux de peaux de mouton, chaussés d'opanké qui, tout à l'heure, s’inclineront devant le Knez et lui diront : « Rends-moi justice, j'ai été victime. » Au premier étage, la salle de réception. Près de la fenêtre, le Vieux était assis sur son divan. Il traitait là les affaires de l'État et les siennes. Il n’exportait plus des cochons, mais il lui restait le goût du négoce. Il veillait à augmenter sa fortune tout en traitant des affaires de l’État.
Il écrivait fièrement au Grand Vizir pour se plaindre de la conduite du commandant de la forteresse de Belgrade et lui demander qu'il lui infligeät une punilion exemplaire, puis, il correspondait avec des agents pour agioter sur l'or et réaliser un gros béné-