Ferdinand IV et le duc d'Orléans : Palerme, 9-17 Mars 1813

FERDINAND IV ET LE DUG D’'ORLÉANS 37

pouvait être arrangé comme une partie du subside, comme un don à Votre Majesté, alors il pourrait y avoir plus de facilités.

— Et cela serait excellent! s’écria le Roi. Lord William pourrait être bien tranquille. Il n’a qu'à me donner l'argent à moi, et Je lui réponds que la Reine n’en aura pas un sol, à moins qu'elle ne soit hors de Sicile. Ah! sur cela, il n'ya qu'à me laisser faire. Moi, moi, j'arrangerai cette affaire-là, qu'il me donne seulement l'argent et je me charge du reste.

— Oui, Sire, mais c'est que je crois que lord William n’a de pouvoirs pour cela que dans le cas où Votre Majesté abdiquerait; au moins, c'est ce que j'ai entrevu. Lord William m'a lâché cela dans la conversation, et, quand je lui ai demandé s’il m’autorisait à vous le dire, il m'a dit que non.

— Oh! me dit le Roi, j'ai su l’année passée que, si j'avais voulu abdiquer, les Anglais m'auraient donné beaucoup d'argent; ils m’auraient donné des monts d’or. Mais je ne l'ai pas voulu, je ne l’ai jamais voulu.

— Je croyais que Votre Majesté l'avait voulu l’année passée, la Reine me l'avait dit.

— Non, non, je ne l'ai jamais voulu, et puis, je ne voudrais pas avoir l’air de vendre mon abdication. Ce n'est pas pourtant que mes affaires pécuniaires ne soient bien mal arrangées... Et cette malheureuse liste civile qui n’est votée que pour un an! il y a de quoi s’en désespérer !

— Sire, c'est encore un point dont j'ai parlé à lord William, et peut-être ne serait-il pas impossible d'obtenir que l’Angleterre vous la garantisse.

— Oh! ce serait une chose sainte, me ditl. Plût à Dieu qu'ils le voulussent ! La garantie de la liste civile et un traitement annuel donné à moi, à charge d’entretenir la Reine hors de Sicile. Oh! cela ne sera pas mal.

— Eh bien! Sire, c'est une chose que l'Angleterre peut faire. Ils ont de tels moyens... On ne peut avoir d'argent que de l'Angleterre. C’est une des choses qui font que partout les peuples désirent les Anglais : c’est que toujours ils apportent de l'argent. Les Anglais enrichissent tous les peuples chez lesquels ils vont et payent leurs vassaux au lieu d'exiger d'eux des tributs, comme nous l’avons toujours vu dans