Garat 1762-1823

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cette foule énorme et affairée, d'assister à ces pantagruéliques dîners servis avec un luxe inouï, dont il était le héros fêté, de savourer ces vins de Laïfitte et de Haut-Brion qu'ignorait encore trop Paris qui ne connaissait vraiment que le vin de Bourgogne, d'admirer ces éblouissantes toilettes qui n'avaient rien à envier à celles de Versailles, de courir à ces nombreuses fêtes qui se succédaient en son honneur sans trêve ni interruption. Mais ces heureux temps de la capitale de la Guyenne touchaient à leur fin : la Révolution allait bientôt mettre tout à feu et à sang, arrêter le commerce, suspendre les transactions qui ne devaient reprendre que beaucoup plus tard, lorsque le traité d'Amiens rendit à Bordeaux une partie de son ancienne splendeur. Après un séjour de quelques mois sur les bords de la Garonne, Garat retourna à Paris dont il ne pouvait se passer et qui ne pouvait davantage se passer de lui. La Cour fut heureuse de retrouver son chanteur aimé, mais les beaux jours étaient

comptés et la tempête toute proche.