Garat 1762-1823

GARAT. 133

vos houlettes et vos pipeaux, bergers à talons rouges. Les temps sont proches, la Convention vous guette. Hâtez-vous, duc de Richelieu, de mettre vos ordres au Mont-de-Piété, pour acheter des riens et des colifichets à la Maupin; vous, duc de Chalus, d'envoyer à la Breda un balai de deux à trois mille louis; vous aussi, charmant marquis de Villeroy, de courir chaque matin sous le déguisement d’un coquet garçon limonadier, porter le chocolat à la Duboscq de la Comédie-Française; il sera trop tard demain.

Tout ce brillant cortège de grands seigneurs et d'aimables pécheresses — déesses de l'Olympe, déités de l'Opéra — va tout à l'heure être obligé d'abandonner sa poudre et ses hauts paniers. Il ne s’agit plus de chiffonner de jolis rubans et de plus jolis minois, de courtiser la friponne Marton, de prendre le museau de la fütée Lisette; le temps des Nymphes et des Amours est passé. L’aimable délire et les doux et mélodieux accents de la muse des Dorat, des Boufflers, des Parny doit faire silence; les verselets ne sont plus de mode, c'en est fait à jamais

de ces aimables folies. C’en est fini de ces jolis