Garat 1762-1823

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tervention de ce même Danton’, que sa terrible politique n'empêchait pas d’être un des habitués des lieux de divertissement.

À quelque temps de là, notre pauvre chanteur tomba de Charybde en Scylla?. Il fut arrêté un autre soir, par une patrouille de gardes nationaux précédés d’éclaireurs, la baïonnette au canon, et conduit à une section. Il n'avait point sur lui sa carte de civisme et le dernier décret de la Convention ordonnait de se saisir de tous ceux qui ne pouvaient montrer la leur. Arrivé au poste, Garat ne sachant comment se tirer d'affaire, se trouvait fort mal en point, quand le commandant de la patrouille commençant son interrogatoire lui demanda sa profession. « Je chante, réponditil. — Ce n'est pas un métier, je chante aussi, moi, répliqua l'officier. — C'est possible, reprit notre homme, mais je chante mieux que vous et ce n’est pas la même chose. — Oh! oh! reprit le chef du poste, c'est ce qu'il faudrait

démontrer. » — Notre moderne Orphée ne se le

1. C. Bellaigue, Un siècle de musique française (Revue des Deux Mondes, 1°" février 1886). 2. Fétis, Biographie universelle des musiciens, ouv. cit.