Garat 1762-1823

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sources, pour ne pas mourir de faim, ïls durent se décider à faire argent de leur talent. Leur réputation les avait heureusement précédés dans la capitale de la Normandie. Ils s’adressèrent d'abord à une vieille demoiselle passionnée de musique, mademoiselle du Hamel ‘, qui habitait l’abbatiale de Saint-Ouen. Cette vieille fille, fort spirituelle et d'un caractère des plus aimables, les accueillit de son mieux. Chez elle, ils rencontrèrent un M. de Lampelut, étrange vieillard qu’elle avait pris en pension, qui se figurait être un excellent musicien et qui passait chaque jour plusieurs heures à jouer mentalement du violon, tenant avec extase un archet à deux ou trois pouces des cordes de son instrument. Chez cette excellente demoiselle du Hamel, Rode et Garat, qui s'étaient fait entendre, accompagnés par la nièce de la maîtresse de maison, mademoiselle de Flavigny, fort passable pianiste, firent quelques connaissances qui leur furent utiles par la suite. Peut-être est-ce chez elle qu'ils entrèrent en relations avec le jeune Adrien Boïeldieu, qui n'était

1. Mémoires de madame de Chastenay, 2 vol. in-8, E. Plon Nourrit et CG, édit., Paris, 1896-97, t. I, p. 172 et suiv.