Garat 1762-1823

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de lui et foudroyant le public sous un regard d'indignation, se lève et sort avec éclat !.... »

Tout cela est bel et bien; mais, sans parler de la forme un peu étrange du récit qui montre Boïeldieu rejetant son instrument, quand cet instrument est un clavecin, le fond nous en semble des plus hypothétiques et sujet à caution. Il fourmille d’ailleurs d'erreurs d’un bout à l’autre. D'abord, Garat n’était point en tournée à Rouen. On sait par suite de quelles circonstances il s'y trouvait. Ensuite, il ne se fit point entendre au théâtre, pas plus alors qu'avant ou plus tard. Il ne lui arriva qu'une seule fois dans sa vie de monter sur la scène, on verra plus loin à quelle occasion. Enfin, comme le fait très logiquement remarquer M. J. Noury dans ses substantiels et si documentés articles sur Garat à Rouen, insérés dans le Patriote de Normandie”, étant données les opinions royalistes de Garat, c'était à lui, plutôt qu'à Boïeldieu, qu'aurait dû revenir l'honneur du refus d'entonner l’affreux refrain.

1. J. A. Réfuveilie, Boïeldieu, sa vie et ses œuvres, À vol. in-$, Dubust, édit., Rouen, 1851.

2, J. Noury, Un épisode inédil de la Terreur à Rouen (Palriole de Normandie, 28 octobre, #, 11, et 18 novembre 1895).