Garat 1762-1823

GARAT. 173

pas facilement leur proie; heureusement pour lui, les Jacobins de Rouen étaient moins sanguinaires que ceux de Paris. Malgré tout, ces vieux bâtiments gris suant le salpêtre et l'humidité de toutes parts, avec leur poste de gardes nationaux armés de piques et de vieux fusils, hurlant le Ca ira et la Carmagnole, n'étaient pas faits pour le tranquilliser. Il ne perdit cependant pas son énergie et son courage. Il aida même par sa bonne humeur et son entrain, ses camarades de captivité à supporter plus patiemment leur détention. Parmi ceux-ei, il faut citer l’évêque assermenté de Rouen, Gratien; le Couteux, ex-procureur de la Commune; La Bunodière, ex-président aux requêtes; puis des avocats : Vimart, Nicolas, Hely d'Oissel, Armand Boïeldieu, cousin du jeune compositeur.

Le régime de la prison de Saint-Yon, malgré ce qu'il avait d'effrayant au premier abord, ne laissait pas cependant d'être supportable. Les détenus pouvaient communiquer entre eux, se promener ensemble ou séparément, plusieurs heures par jour, dans les cours et préaux de l'éta-

blissement. Les repas se prenaient ordinairement