Garat 1762-1823

GARAT. 195

dire que traverser ces différents pays, il avait hâte de rentrer en France, de revoir Paris; de plus, il craignait, s’il restait plus longtemps à l'étranger, d'être considéré comme émigré.

Garat regagna sa patrie à la fin de l’année 17941. Rentrer à Paris n'était guère plus facile alors que d'en sortir. À peine descendu de la berline ou de la diligence qui l'avait amené, l'infortuné voyageur — rappelons-nous le tableau de Boilly du musée du Louvre — se voit entouré d'agents du Comité de Sûreté générale qui l'étudient sournoisement, soupconnant en lui un émigré rentrant au mépris de la loi, ou un agent de l'étranger, fouillent sans aucune précaution ses bagages, lisent ses papiers, épluchent son passeport, cherchant à découvrir en lui un suspect qu'ils seraient heureux, sur le moindre soupçon, sur la plus légère irrégularité dans sa situation, de conduire en prison. On n'en sortait plus, il est vrai, pour être conduit à la fatale machine, mais on était exposé tout au moins à y rester pendant de longs mois.

1. Miel, Notice sur Garat, ouv. cit.