Garat 1762-1823

GARAT. 197

dans Paris. Les luxueux équipages reparaissaient, les dîners, les bals, les concerts se succédaient sans interruption, jamais assez nombreux au gré de la nouvelle société assoiffée de plaisirs. Chez Tallien, chez Talleyrand, chez Ouvrard, chez madame Récamier, chez madame Hainguerlot, chez madame Hamelin, ce n'était que réunions mondaines.

Les excès des terroristes furent la cause de cette réaction. La haine affichée pour le luxe et l'élégance par les montagnards a été la véritable raison des folies du Directoire. Le règne des sans-culottes ramena la domination des riches, les clubs eurent pour conséquence la réouverture des salons. Il fallait se distraire, coûte que coûte, de l'oppression des derniers temps dont on sortait affaibli et froissé. Chacun, comme l'a dit Mignet", se rappelant l'existence politique avec effroi, se jeta d'une manière effrénée vers les plaisirs et les relations de l'existence privée si longtemps suspendues. Ce fut la réaction des habitudes de l’ancien régime. La société nouvelle, mal éduquée

1. Mignet, Histoire de la révolution française, 2 vol. in-12, Didier et C®°, édit., Paris, 1869, €. IT, chap. x.