Garat 1762-1823

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témoigné son mécontentement à son chanteur favori, qui n'en avait pas tenu compte, et avait fait semblant de ne pas comprendre. Ce soir-là, il devait interpréter les meilleurs morceaux de son répertoire avec un ancien instrumentiste du théâtre de Monsieur, Blaise Martin, avec lequel il était fort lié depuis de longues années et qui, de l’orchestre, avait sauté sur la scène. Quand ce fut le tour de Garat de se faire entendre, il se vit accueillir, chose inconnue pour lui, par une bordée de sifflets des mieux nourris, accompagnée du cri de « la queue, la queue! » proféré en cadence. Il rentra dans la coulisse et s'adressant à Martin : « Qu'ont-ils donc? — Tu seras sifflé tant que tu garderas ta coiffure, répondit son ami. M'empêche-t-elle de bien chanter? reprit Garat. — Non, sans doute, réplique l’autre. — Eh bien, ils ont tort », dit alors notre obstiné qui, fier de sa logique, voulut remonter sur l’estrade. Les sifflets redoublèrent plus nourris que jamäis, mais Garat tint bon et ne bougea pas, attendant le silence; le silence ne vint pas, tout au contraire, les cris, les vociférations, les injures redou-

blèrent, partant de tous les coins de la salle à la