Garat 1762-1823

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fois. Pendant ce temps, Martin, dissimulé derrière un portant, appela son camarade ahuri à mi-voix, et lui demanda de lui permettre de chanter le premier, l’assurant que c'était le seul moyen de laisser les siffleurs se calmer. Garat s’approcha de Martin qui, prestement, d'un coup de ciseaux, coupa la malencontreuse queue, cause de tout ce tumulte. Notre entêté voulut se fâcher, mais Martin ne lui en laissa pas le temps, et, presque de force, le traîna par la main sur le devant de l’estrade, où cette fois il fut reçu par d'unanimes applaudissements. Contraint de faire contre fortune bon cœur, il chanta et jamais son triomphe ne fut plus absolu. Il essaya bien ensuite de garder rancune à Martin, mais la brouille entre les deux amis ne put durer.

A partir de ce jour Garat ne porta plus de queue; mais ses sacrifices aux modes nouvelles n’en furent point pour cela complets. Il remplaça la queue par une multitude de petites frisures qui lui donnèrent tant soit peu l'aspect

d’un caniche !; la culotte de soie, par une culotte

1. Les téles tondues sifflées…, etc. Réponse des têtes tondues aux belles queues.