Garat 1762-1823

220 GARAT.

En voici d'ailleurs les premiers vers

Jadis fut déchiré sur les bords du Riphée

Le chantre dont la terre admirait les concerts ;

Tu vis, mais plus à plaindre, hélas! nouvel Orphée, Car même en prétendant t'élever un trophée

Sans cesse on t’assassine avec de méchants vers 1.

Garat était bien l’homme à la mode, l'homme en vue, l'homme de tous les soupers, de toutes les réunions, ayant bien ce qu'il fallait, avec sa grâce mignarde et apprêtée, pour plaire aux femmes fardées, maquillées et déshabillées de cette Régence de la Révolution. Aussi était-il la coqueluche de toutes et aucune ne cachait la passion qu'elle éprouvait pour lui. Étaitil souffrant, sa porte était assiégée par une foule de visiteuses de tous les mondes, qui ne retrouvaient le calme et la tranquillité que lorsqu'elles apprenaient son

complet rétablissement?. Il ne faut donc pas lui

1. Detcheverry, Histoire des théâtres de Bordeaux, ouv. cit. — « Les sujets d'entretien qui intéressaient le plus un cercle. C’étaient les pièces nouvelles, les comédiens et les actrices en renom; les dernières fêtes de Frascati; les chanteurs et les musiciens en faveur. Garat surtout, l'inévitable Garat qui était de toutes les soirées du grand monde... » (Paul Lacroix, Le Directoire, p. 48, ouv. cit.).

2. J. et Ed. de Goncourt, La Société française pendant le Directoire, p.368, ouv. cit.