Garat 1762-1823

GARAT. 219

cheveux coupés court. Ce fut le moment de l'apogée de sa gloire, le moment où il eut pu dire sans trop de fatuité en s'adressant à son bon génie : « O ma divinité tutélaire, tous les hommes se plaignent de leur sort; moi, je vous supplie de ne rien changer au mien. Les grâces, les plaisirs m'assiègent, ils veulent tous m'avoir, je me laisse entraîner. Ils m'idolâtrent, je me laisse faire; mon costume, mes propos, mon maintien, tout fait époque dans le monde. Une romance de moi est un événement, une cadence chromatique est la nouvelle du jour, un enrouement est une calamité publique. ma parole suprème, c’est trop de félicité pour un mortel...” »

Il recevait alors journellement une grande quantité de pièces de vers, qui lui étaient adressées par ses nombreux admirateurs. Est-il besoin d'ajouter que ces poèmes n'étaient point toujours marqués au coin du goût le plus délicat. Un de ses compatriotes lui en témoigna ses regrets, par un morceau qui ne vaut peut être

pas mieux que ceux qu'il entend persifler.

1. Le Menteur, n° 28.