Garat 1762-1823

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le manuscrit, mais demain il y sera, et l'acteur le répétera. » A cette impertinente réponse, le tumulte devint tel qu'il fallut faire évacuer la salle. Le lendemain, Garat et ses amis revinrent en plus grand nombre et, avant d'entrer au théâtre, achetèrent aux marchands de cannes des environs tous les joncs et gourdins qu'ils purent trouver. Les autres spectateurs, les acteurs, les musiciens de l’orchestre, les machinistes, les garçons d’accessoires, les figurants, etc., en firent autant. Le tapage n'en fut que plus violent et, de cette pièce, qui faisait salle comble et finissait le spectacle, on ne put jamais entendre que les premières scènes.

Garat, se croyant tout permis, essaya alors de réformer la langue française et d'en changer le caractère en supprimant la prononciation de la consonne r, qu'il trouvait dure et rauque ‘. Mais, chose étrange, cette transformation qu'il voulait dans le langage parlé, il la répudiait absolument

dans le chant.

1. « Garat est le véritable chanteur de voyelles, le rouleur d'a, e, i, 0, u, ». Le cousin Jacques, Dictionnaire néologique, ouv. cit. — Martainville. La nouvelle Henriotade, ou récit de ce qui s’est passé relativement à la pièce intitulée « Concert Feydeau », plaquette in-8, Brigitte Mathé, Paris, s. d.