Garat 1762-1823

GARAT. 297

Tout Paris voulut aussitôt parler comme Garat. Le suprême bon ton fut de zézayer, de défigurer la parole en tâchant d'approcher d'une sorte de gazouillement doux et susurrant. Incroyables et Merveilleuses ne parlaient plus qu'à demi-voix, avec des regards languissants, des demi-sourires et des poses abandonnées. C’est bien nonchalamment que les hommes, avec un pénible effort, disaient : « Paole d'honneu, ze vous zue », et tombaient ensuite affaissés sur une bergère ou un sofa, sans lâcher cependant l'énorme gourdin noueux qu'ils tenaient à la main‘.

Toutes ces excentricités, toutes ces folies ne firent qu'affermir davantage le pouvoir et le prestige de Garat. Tout fut alors à la Garat. Il y eut des habits, des cravates, des cannes, des lorgnons, des bottes à la Garat. Comme il avait la jambe bien faite et le pied petit, ressemblance qu'il se vanta plus tard d'avoir avec Bonaparte, et qu'il se faisait faire des bottes par un cor-

donnier pour femmes, tous les élégants vou-

1. « Tout Paris caracoule les Caracoulades de Garat », Mercier, Paris pendant la Révolulion (Le Nouveau Paris), t. II, OUY. cit. — Journal des Incroyables ou les hommes à paole d'honneu. An HIT. — Paul Lacroix. Le Directoire, p. 48, ouv. cit.