Garat 1762-1823

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lurent, eux aussi, avoir des cordonniers pour femmes.

Malgré les sommes énormes que lui rapportait sa voix, — ne se faisait-il pas payer quinze cents francs pour chanter deux ariettes, ainsi que l'on a vu plus haut, — Garat trouvait encore le moyen d’être presque toujours dans la gêne. Il est vrai que noblesse oblige et que, comme arbitre de la mode, il dépensait énormément pour sa toilette. Si son habit était d’une étoffe quelconque, il y faisait ajouter une broderie de deux à trois mille livres; ses gilets avaient des revers du satin le plus riche; sa cravate à grands nœuds brodée à jour était de la batiste la plus fine; ses souliers vernis, du cuir le plus rare, étaient recouverts en outre de boucles en diamants.

Garat en était arrivé à ce point qu'il ne savait plus ce qu'il devait estimer davantage de son talent ou de sa personne. Tout lui était permis et il était coutumier des plus grandes excentricités, des pires extravagances. Ne s’avisa-til pas un jour, à la suite d’un concert où un admirateur le poursuivait de ce compliment banal : « Monsieur

Garat, vous êtes un vrai rossignol », de répliquer :