Garat 1762-1823

GARAT. 229

« Au diable, monsieur, le rossignol chante faux. » Un autre jour qu'un de ses amis lui demandait s’il avait vu un certain tableau à une exposition, il répondit : « S'il est beau, je l'ai vu. » Un autre ami lui faisant remarquer à la promenade, que l’on montre pas les gens avec le doigt : « Alors, avec quoi les montre-t-on? » répliqua-t-l !.

Dans sa façon de parler, de marcher, de saluer, d'agir, en tout perçait le dessein de forcer l’attention. Nouveau Louis XIV, il menacça un jour Talleyrand de ne plus venir chez lui, parce qu'il avait failli attendre, lui qui arrivait toujours en retard *. Voici d’ailleurs une anecdote assez curieuse à cet égard. Nombreux étaient ceux qui, ne le connaissant pas autrement que pour l'avoir entendu dans les concerts publics et qui ne pouvant arriver jusqu'à lui, s’adressaient alors à son oncle qui usait de son influence auprès de son fantasque neveu pour le décider à accepter ces

invitations d’inconnus, qui se seraient crus désho-

1. Notice sur Garat (Revue Encyclopédique), ouv. cit. 2. Baronne de V.... Souvenirs du Directoire et de l’Empire, 4 vol. in-8, Cosson impr., Paris, 1848.