Garat 1762-1823

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norés s'ils n'avaient pu faire entendre le virtuose à la mode, aux hôtes qu'ils réunissaient dans leurs salons. Le directeur Treilhard, un de ces derniers, ayant, à force de démarches auprès de l’ancien ministre de la Justice, obtenu cette insigne faveur, se hâta de lancer de nombreuses invitations pour ce jour si ardemment souhaité, après s'être préalablement assuré le concours de Lays, de Chéron et du vieux Piccini, pour que rien ne manquât à la fête. Les nombreux invités furent exacts au jour dit, mais l'heure fixée pour le diner était sonnée depuis longtemps, sans que l’on ait vu apparaître Garat. Treilhard tenta de tous les moyens en son pouvoir pour faire patienter ses hôtes; après avoir causé de tout, annoncé même une grande nouvelle politique encore ignorée, le passage de nous ne savons plus quel général sur le Rhin, de guerre lasse il se décida à faire passer ses invités dans la salle à manger. Le premier service venait de finir dans un silence lugubre, tous les convives étant consternés, quand l'incomparable chanteur parut enfin, se contentant pour toute excuse de dire qu’il s'était perdu dans le

quartier. Mais son arrivée suffit pour ramener le