Garat 1762-1823

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trouvé », et sans lui laisser placer un mot, entonne sa romance à pleine voix. Les habitants de la maison, étonnés de ce bruit insolite, ouvrent leurs portes, sortent de leurs appartements; alors Garat dégringole l'escalier à toutes jambes, entraînant avec lui son malheureux compagnon, qui n'y comprend rien et n’en peut mais.

Parmi ses manies les plus insupportables était celle de se faire prier pour chanter. Quoiqu'il eût été navré que l'on ne le lui demandàt pas, ce n'était qu'à force de supplications et d’instances que l’on obtenait de l'entendre dans un salon‘.

Quand il ne visait pas uniquement à étonner et à appeler l'attention sur sa personne, ce qui était rare, il faut bien le reconnaître, Garat était fort drôle, car il ne manquait ni d'esprit, ni de causticité.

Rendant visite à une dame de sa connaissance, il rencontre chez elle un honnête bourgeois qui, dans la conversation, dit avoir assisté à une représentation d'Zphigénie en Tauride et

1. « M. de Trénis faisait les mêmes facons en figurant dans un quadrille pour exiger que la foule se retirât que Garat

pour obtenir le silence lorsqu'il chantail. » (Duchesse d’Abrantès, Histoire des salons de Paris, t. Il, p. 450, ouv. cit.)