Garat 1762-1823

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que l'horizon se fut rasséréné. Le Premier Consul, qui professait à l'égard de madame de Montesson une estime toute particulière, se montrait assez souvent chez elle. Un jour qu'il y avait déjeuné, on passa, après le repas, dans les salons où se trouvaient Garat et Steibelt le pianiste. Garat fut prié de chanter. Quoique Napoléon, dès cette époque, n'aimât guère Garat, qui le lui rendait bien d’ailleurs, quand ce dernier se mit à chanter, il l'écouta avec grand plaisir, surtout lorsqu'il détailla la célèbre romance de Plantade

Le jour se lève, amour m'inspire, J’ai vu Chloé dans mon sommeil, etc.

qu'il lui fit bisser. Steibelt se mit ensuite au piano; mais à peine eut-il exécuté la moitié d’une de ses plus belles sonates, que le Premier Consul se leva brusquement et prit congé de la maîtresse de maison, en lui baisant la main.

Madame de Montesson, flattée de ce retour aux usages de l’ancienne Cour auxquels elle n’était plus accoutumée, ne put s'empêcher de s’écrier qu'elle trouvait Bonaparte « charmant ». « N'est-ce

pas, Steibelt, qu'il est charmant? — Charmant?