Garat 1762-1823

GARAT. 265:

A

La vogue de la romance commença, grâce à Marie-Antoinette, à la représentation du Mariage de Figaro de Beaumarchais, avec la chanson si connue : J'avais une marraine, et se prolongea jusqu’à la fin du règne de Louis-Philippe. Tout aurait donné à penser que la tourmente révolutionnaire eût dû arrêter ses derniers refrains et la faire disparaître. Il n’en fut rien. Ces mélodies attendries, faites de douces larmes et de tendres sourires, où « la grâce devient souvent de la mignardise, l'émotion de la sensiblerie, Ja simplicité du maniérisme, l'innocence de la coquetterie », résistèrent aux jours sanglants de la Terreur et furent fredonnées par les terribles bourreaux de la Convention. C'est à cette époque néfaste que La Harpe composa sa fameuse romance pastorale : O ma tendre muselle, mise en musique par Monsigny, que Fabre d'Églantine, qui devait quelques jours plus tard porter sa tête sur l'échafaud, écrivit sur une mélodie de Simon sa douce cantilène : Zl pleut, il pleut, bergère, que les condamnés conduits au supplice, chantaient à l'unisson sur la charrette dont le roulement sur les pavés n'arri-

vait pas à couvrir le son de leur voix.