Garat 1762-1823

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cœurs. Les femmes de la plus haute naissance, comme les simples bourgeoises, étaient heureuses et fières de lui appartenir. Comme Lethorières, il eût pu le même jour envoyer une lettre circulaire à toutes les femmes qu'il ne connaissait pas encore, et toutes se seraient rendues à son appel. L'adoration allait au-devant de lui; il était l’éternel et immuable vainqueur. S'il eût voulu, à la fin de sa vie, faire un inventaire des miniatures, mèches de cheveux blonds, châtains, roux ou bruns, des bagues, anneaux, rubans, cadeaux ou souvenirs des adorées d'antan, serait-il jamais parvenu à s’y reconnaître et à s’y retrouver !? Parmi ses plus brillantes conquêtes, il faut citer au premier rang la duchesse de Fleury*. Françoise-Aimée Franquetot de Coigny, duchesse de Fleury, fille du comte de Coigny frère cadet du duc de Coigny, fut une des femmes les plus spirituelles, les plus aimables, les plus séduisantes,

et les mieux douées de son temps. « Son visage

1. Garat, à l’époque du Consulat, eut « beau passer le trop plein de ses soupirantes à l’acteur Elleviou.. il n’arrivait pas à les contenter ». (J. Turquan, Une Illuminée au XIXe siècle, p. 118, ouv. cit.)

2. Du Bled, Un amour platonique du XVIIE siècle. Madame de Coigny et Lauzun (Revue des Deux Mondes, 1* octobre 1889).