Garat 1762-1823

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était enchanteur, son regard brûlant, sa taille, celle que l’on donne à Vénus, et son esprit supérieur », dit madame Vigée Le Brun!, qui l’a bien connue. « Avec une imagination vive et une âme ardente », elle était bonne et naturelle ; mais son caractère rêveur, indépendant et aventureux la portait à toutes Les excentricités.

Dans sa famille on lui avait donné le surnom de Nigritta, à cause de son teint basané, de ses yeux et de ses cheveux noirs; mais elle ne s’en souciait guère et en prit elle-même un autre qui allait mieux à ses goûts et à ses aspirations romanesques, celui de Zilia, fille du Soleil, qu'adoraient les Indiens du Pérou, qu'elle emprunta aux Lettres d'une Péruvienne de madame de Graffigny, dont elle raffolait ?.

À l’âge de quinze ans, la pauvrette avait épousé le comte de Fleury qui n’en avait que quatorze et qui, quatre ans plus tard, en 1788, devint due, par suite du décès de son frère aîné. Elle fut immédiatement l’amie de la duchesse de Chartres, l’indispensable et le piment des brillantes réunions

1. Madame Vigée Le Brun, Souvenirs, t.I, p.175 el suiv., ouv. cit. 2. Madame de Graffigny, Lettres d’une Péruvienne.

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