Garat 1762-1823

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l'armée de Coblentr, elle alla se réfugier à Rome où elle retrouva les Fitz-James, les Polignac, le prince de Monaco, Camille de Rohan, ambassadeur à Malte, etc. S'ennuyant au milieu de cette société, elle voulut rentrer en France, au mépris de la loi sur les émigrés. Arrètée aussitôt, elle fut emprisonnée à Saint-Lazare. C'est là qu'André Chénier, qui partageait sa captivité, écrivit pour elle son chef-d'œuvre de la Jeune captive dont nous nous contentons de citer deux strophes. Le mor-

geau entier n'est-il pas dans la mémoire de tous :

Qu’un stoïque aux yeux secs vole embrasser la mort, Moi je pleure et j'espère; au noir souffle du nord Je plie et relève ma tête. S'il est des jours amers, il en est de si doux! Hélas! quel miel jamais n’a laissé de dégoüts? Quelle mer n’a point de tempête?

O mort! tu peux attendre, éloigne, éloigne-toi;

Va consoler les cœurs que la honte et l’effroi, Le pâle désespoir dévore.

Pour moi, Palès encore a des asiles verts,

Les Amours des baisers, les Muses des concerts ;

Je ne veux pas mourir encore !.

1. André Chénier (Poésies de), précédées d’une notice par H. de Latouche, 1 vol. in-12, Charpentier, édit., Paris, 1866,