Garat 1762-1823
GARAT. 347
interprétait Gluck d’une façon remarquable, devint alors la compagne de son professeur. Par admiration, par reconnaissance pour celui qu'elle considérait comme une sorte de dieu, cette enfant avait tout sacrifié : son indépendance, sa réputation, son talent, son avenir. Elle avait une belle voix grave, ce qui la fit surnommer par lui mademoiselle Contralto. Toujours et avant tout épris de son art, Garat ne lui laissait pas un instant de repos, la faisant vocaliser sans trêve ni merei. Jaloux à l'excès, il ne lui laissait pas un instant de liberté, ne lui permettant de sortir que bien rarement, affublée comme une femme de chambre et montée sur de hauts patins de fer qui mettaient le talon de ses bottines à quelques centimètres au-dessus du sol.
Malgré son dévouement de tous les instants, Garat arriva jusqu'à maltraiter cette malheureuse qui souffrit longtemps sans se plaindre. Un ami, témoin de ce martyr, voulut y porter remède et en fit des reproches à l'inhumain qui, après un moment d’hésitation et de silence, lui dit tout bas : « Elle devient sourde et chante
faux. »