Gentilshommes démocrates : le vicomte de Noailles, les deux La Rochefoucauld, Clermont-Tonnerre, le comte de Castellane, le comte de Virieu

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un semblant de pouvoir. Clermont-Tonnerre éprouva peut-être le même soulagement intellectuel; mais plus courageux que son collègue (1), au lieu de fuir les dangers de la lutte il resta fidèlement au poste, décidé à les affronter.

Désormais, le comité de constitution dont ila été l’âme est dissous. Ce sont d’autres députés qui vont achever de ruiner son œuvre déjà si appauvrie. Clermont-Tonnerre n’est plus un chef; il n'est qu’un soldat, tiraillant de ci, de là, fidèle à lui-même, au trône et à la liberté. Toute atteinte à l'exécutif, toute confusion voulue entre les pouvoirs publics ont pourtant le don de l’émouvoir.

S'agit-il du droit de paix et de guerre, il prononce une harangue où avec laclarté de l'évidence il prouve ‘ que cedroitne peut s'exercer que parle chef de l'État. Son raisonnement est si conforme au véritable esprit démocratique qu’il ne détonnerait pas dans une chambre républicaine : « Le droit de guerre se réduit en dernière analyse à celui de repousser par la force toute atteinte véritable portée par une puissance étrangère à la propriété ou à la liberté nationale. Tout ce qui s’écarte de cette définition est injuste. » Dès lors, plus de guerres de conquête! Partant de ce principe qu'il déclare devoir être constitutionnel, le gentilhomme démocrate conclut qu'il est infiniment moins dangereux, « dès que le droit de défense

(1) Mounier, effrayé de l’effervescence populaire, donna, après les 35 et 6 octobre, sa démission de député. Plus tard il émigra (1790).