Gentilshommes démocrates : le vicomte de Noailles, les deux La Rochefoucauld, Clermont-Tonnerre, le comte de Castellane, le comte de Virieu

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apporte une fois ou deux le poids de sa parole. On serait dégoûté à moins.

Ni l'exclusion des Bourbons d'Espagne de la successibilité au trône, ni la fixation du nombre des députés ne le font sortir de sa réserve. Il ronge son frein, attendant l’occasion d'obtenir de l'assemblée qu’elle

revienne sur sa néfaste décision. Son attente sera

vaine; les événements vont se précipiter. Une fois dépouillé, l'exécutif sera systématiquement mis en loques. Chaque fois que l’onenarrachera un lambeau, Clermont-Tonnerre poussera un gémissemenñt aussi éloquent qu’inutile. Tel un chirurgien qui s’ingénie à fermer une plaie dans laquelleil a plongé un bistouri empoisonné.

En moins de trois semaines, entre le 11 septembre et le 6 octobre, Louis XVI estfrustré du droit de créer et de supprimer les emplois (1) ; il perd le titre glorieux de roi de France ; et celui de roi des Français (2) lui est imposé. — Conduit de force de Versailles à Paris, le souverain n'a même plus la liberté de dormir où il lui plait. Le roi est sujet, le peuple est roi !

L'histoire raconte que Mounier, averti par Mirabeau de cette suprème atteinte portée à la monarchie, répondit : « Eh bien! tant mieux, nous serons plutôt en république (3)! » Ce « tant mieux » ne s'explique que par l'extrême fatigue d’un homme ayant depuis un mois lutté pied à pied pour conserver à la royauté

(4) Séance du 30 septembre 1789.

(2) Séance du 8 octobre 1789.

(3) Récit de Mirabeau dans le Courrier de Provence. — Voir la Gazelte nationale, 1189, w° 70.