Gentilshommes démocrates : le vicomte de Noailles, les deux La Rochefoucauld, Clermont-Tonnerre, le comte de Castellane, le comte de Virieu

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mont-Tonnerre. Mesurant la distance ou l'inconséquence de son système et du principe sur lequel il a été édifié a conduit ses collègues, il fait entendre un cri de désespoir : « S'il en est ainsi, je n'ai plus qu'à pleurer sur les ruines de ma patrie (4)! »

[l est trop tard! Le roi de France est découronné. Le bailly de Virieu peut écrire en toute vérité à son gouvernement : « Le roi est presque un fantôme. Peu s’en faut que son président ne se croie au-dessus du souverain (2). »

L'ordre et la marche des funérailles de la royauté fut arrêté le 11 septembre. Le 14, l’Assemblée nationale appela pour la seconde fois Clermont-Tonnerre à la présidence de ses débats. La fiche de consolation ne se faisait point attendre; on semblait dire au principal inventeur de la royauté démocratique : « Vous vous êtes trompé; mais vous vouliez demeurer quand même un bon démocrate; nous vous récompensons. »

Clermont-Tonnerre n’a plus plus foi dans son œuvre amoindrie. Il accepte l'honneur qui lui est fait, et il regarde d’un œil indifférent, presque sceptique, un assemblage constitutionnel qui n’est plus le sien. La discussion des détails de l’organisation nouvelle se traîne pendant de longues séances. C’est à peine si lui, orateur de premier ordre, « de l’ascendant duquel Mirabeau s'est montré souvent jaloux (3) », y

(1) Séance du 9 septembre 1789,

(2) Dépêche du baïlly de Virieu, du 9 novembre 1789. Archives e Parme.

(3) Biographie universelle. Michaud, t. IX, p. 91.