Gentilshommes démocrates : le vicomte de Noailles, les deux La Rochefoucauld, Clermont-Tonnerre, le comte de Castellane, le comte de Virieu

154 . GENTILSHOMMES DÉMOCRATES

s’enivrent de leur toute-puissance; ‘ils entendent la rendre effective. |

Tout le bel équilibre rêvé par les fondateurs de la prétendue monarchie démocratique fut renversé en quelques secondes.

Alors apparut cette forme polie de l’emprisonnement royal, de la tonsure ressuscitée du moyen-âge, qui s’appelle le « veto suspensif ». Barnave, Siéyès, tous les pères de lorléanisme futur el de la politique qualifiée par le mot « centre gauche » s’ingénièrent à « museler le tyran »; on le proclama non pas maître (le maitre c'était le peuple), mais délégué du maître ; il était réduit au rôle « d’avertisseur » destiné à signaler le danger, non à l’empécher. Et pour quela souveraineté du peuple soit mieux affirmée encore, au moment même ou l’on se déclare dans la nécessité de conserver l'embryon du pouvoir monarchique, les députés proclament l'unité et la permanence du parlement national (1). Un imbécile, Hébrard d’Aurillac, prononce cette phrase qui résume toute la naïveté du royalisme démocratique : « Un grand peuple, un grand Etat comme la France doit, nous dit-on, donner à son roi de grands droits. Sans doute; mais quel autre plus précieux (et dont tout souverain scrait jaloux), quel autre, dirons-nous, plus grand, plus beau, plus digne d’un roi que celui de ne pouvoir jamais faire le mal, de partager la gloire ou les erreurs de son peuple (2)! »

À ces mots, la lumière se fait dans l'esprit de Cler-

(1) Séance du 8 septembre 1789, (2) Séance du 11 septembre 1789.