Gentilshommes démocrates : le vicomte de Noailles, les deux La Rochefoucauld, Clermont-Tonnerre, le comte de Castellane, le comte de Virieu

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leurs conseils, que l'on vous propose d’incorporer à l'empire français! »

La parole de Clermont-Tonnerre entre comme une épée dansles cœursdes députés amollis, peut-être complices. On peut accuser l’orateur de naïveté; on est obligé de reconnaître dans son opposition le respect des pouvoirs réguliers et le courage de lhonnète homme. Son insistance faillit lui coûter la vie. Ayant obtenu un décret d’ajournement, « le peuple monta en fureur, et sans la garde nationale le député de Paris aurait été une nouvelle victime (1) ».

Dans une autre circonstance, il se fait plus énergiquement encore lechampion des prérogatives de l'exécutif. L’escadre de Brest s’est mutinée, les uns ont tenu pour le pavillon blane, les autres pour le pavillon tricolore. La municipalité est intervenue; elle a fait une adresse aux garnisons et aux équipages des vaisseaux; elle a requis le commandant de retarder le départ du « la Ferme ». L'abus de pouvoirs est sans précédents. Embarrassée du moyen deleréprimer, l’Assemblée nationale n’en trouve qu’un : « déléguer au roi « son président pour représenter à Sa Majesté que la « méfiance conçue par le peuple contre les ministres «actuels apporte les plus grands obstacles au rétablis« sement de l’ordre publie, à l'exécution des lois et « à l'achèvement de la constitution (2). » Certes, les

(1) Archives de Parme. Dépèche du bailly de Virieu (9 mai 1791).

(2) Rapport du marquis de Menou au nom du comité de la marine. Séance du 19 octobre 4790.