Gentilshommes démocrates : le vicomte de Noailles, les deux La Rochefoucauld, Clermont-Tonnerre, le comte de Castellane, le comte de Virieu

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ministres débris du dernier entourage de Necker n’ont les sympathies d’aucuns députés, pas même celles des députés royalistes. Cazalès, le chef du monarchisme intransigeant, les traite de « lâches, d’incapables».… «ils vont encore, s’écrie-t-il, et ils sont morts (1). » Mais ia constitution est formelle. La responsabilité ministérielle y estindividuelle, elle n’y est pas collective. « Au roi seul appartiennent le choix et la révocation des ministres (2). » Tant il est vrai que la constitution de 1852, sireprochée au second empire et qui créait laresponsabilité directe du souverain, n’a rien inventé ! Le comité militaire a eu beau usurper tous les pouvoirs, mander le ministre de la guerre auprès de lui, imposer ses choix, dicter la conduite à tenir, Latour-Dupin qui est un détestable agent du roi, qui n’a pas su faire respecter ses droits, n’est pas l’agent du Parlement. Voilà ce qu'il est indispensable d'établir pour que l'esprit et la lettre de la constitution ne soient point faussés. De quels traits acérés Clermont-Tonnerre pique ces constituants qui n’ont même pas l'énergie de défendre leur conception ! « On veut que vous disiez au roi que ses ministres n’ont pas la confiance de la nation; mais ou c'est un ordre que vous intimez au roi de renvoyer ses ministres, et alors la constitution est altérée, les pouvoirs sont confondus et nous sommes despotes; ou bien c’est un simple vœu que vous

(4) Séance du 19 octobre 1790. Necker, le 4 septembre 1790, avait donné sa démission et était en fuite, laissant le roi sans défense, et aux mains de conseillers sans vigueur.

(2) Constitution française de 1790, titre IL, chap. nn, section IV, art. 4e. Gazette nationale du 6 août 1791, n° 218.