Gentilshommes démocrates : le vicomte de Noailles, les deux La Rochefoucauld, Clermont-Tonnerre, le comte de Castellane, le comte de Virieu

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nommer un comité pour examiner une révolte ouverte. Les troubles populaires ne peuvent être soumis à un pareil examen; ils sont du ressort du pouvoir exécutif (1). »

Le 22 février suivant, il proposa, non comme l'ont affirmé des historiens mal renseignés, « de mettre la dictature entre les mains du roi, » mais de lui donner les moyens suffisants pour empêcher les meurtres, les incendies et les pillages. « Il faut que le pouvoir exécutif surveillé du pouvoir législatif reçoive enfin de nous une organisation fixe et utile (2)! » Quelle est la démocratie qui peut vivre sans un ordre fixe? Quel ordre peut ètre fixe si sa distribution n’est pas mise aux mains d'un pouvoir central ?

Si souycraneté monarchique et souveraineté du peuple n'étaient point incompatibles, Clermont-Tonnerre eût très certainement été le fondateur de la moparchie démocratique. Réussir à l’entreprise eût été un immense honneur pourson personnage; yavoirtravaillé en est un déjà très grand. Si à la placedela monarchie démocratique Clermont-Tonnerre fit la république, ce fut sans le savoir et parce que la logique des choses, dans un pays socialementdéséquilibré, ordonnaitqu’il en fût ainsi.

Mais, au cours de l'essai, son libéralisme et son sensde la France moderne ne furentjamais en défaut :

« Lorsque je vins aux États généraux, a-t-il écrit, j'y arrivai sans autre éducation politique que l'absence

(1) Séance du Ler juillet 1790. (2) Séance du 22 février 4790.