Gentilshommes démocrates : le vicomte de Noailles, les deux La Rochefoucauld, Clermont-Tonnerre, le comte de Castellane, le comte de Virieu

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notre révolution, comme un triste mouvement des passions qui nous tourmentent, de ces passions haineuses, inquiètes qu'il ne faut pas confondre avec la passion de la liberté !.… Il ne faut nitromper, niopprimer l’homme, pas même pour son plus grand avantage.. Il naquit pour la vérité et pour la liberté, il n'appartient pas à son semblable de lui ravir ces deux bienfaits, sous prétexte des dangers qui les accompagneni (À). »

C'est en octobre 1790 que Clermont-Tonnerre parle ainsi ; et tour à tour il prend devant l’Assemblée nationale et devant la municipalité de Paris la défense des opprimés, depuis les moins connus jusqu'aux plus célèbres : la demoiselle de Bissy, l'abbé de Douglas, le sieur Rubat de Livron, le sieur Augeard, M de Favras (2), M®° de Jumilhac accusée d’un délit nouveau, « le délit de somnambulisme »; tous jetés à l'Abbaye sur une simple dénonciation.

Le 1% juillet 1789, une députation était venue solliciter l’Assemblée nationale de s’interposer auprès du roi atin d'obtenir la grâce de gardes françaises mutinées et arrachées de Bicêtre par le peuple. Clermont-Tonnerre protesta : « Ce serait manquer au plus pressant de tous les devoirs que de s'amuser à

(1) Nouvelles observations sur les comités des recherches par Stanislas de Clermont-Tonnerre, À Paris, chez Desenne, libraire au Palais-Royal.

(2) Mue de Favras avait été arrêtée sous cette inculpation qu’elle était la femme d’un conspirateur. Un membre du comité des recherches alla jusqu'à avouer « que sa détention avait pour but d’empécher que Mw de Favras ne püt intriguer et solliciter pour son mari »,