Gentilshommes démocrates : le vicomte de Noailles, les deux La Rochefoucauld, Clermont-Tonnerre, le comte de Castellane, le comte de Virieu

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il porta à son ancien maître un coup de faulx à la tête. Fendant la foule, Clermont-Tonnerre s'enfuit chez son amie Me de Brassac. Les assassins enfoncirent la porte, le poursuivant d'étage en étage. Il périt criblé de coups sous les combles.

Ainsi termina sa carrière, martyr de sa foi et de son - démocratisme, un grand seigneur qui avait confondu dans une même souveraineté le roi et le peuple qu'il aimait d’un amour égal.

IV

Clermont-Tonnerre ést le type le plus achevé du gentilhomme démocrate. Il embrassa toutes les idées sociales de la Révolution (abolition des privilèges, réunion des ordres, liberté de conscience, prééminence de la volonté du peuple), et pourtant, jusqu’à la der. nière minute de son existence, il demeura conservateur et royaliste, sans qu'une faiblesse ait jamais déconsidéré son attitude.

Royaliste, il paya de la vie sa conviction. Conservateur, il le fut non seulement en tant que gardien des institutions, mais encore dans le sens moderne du mot qui signifie : ennemi de la démagogie. Sans cesse au cours de sa vie on découvre la trace de cette préoccupation d'esprit. Qui, plus vivement, s’éleva contre la formation de ces monstrueux comités des recherches, officines de délation ! « Je les ai toujours regardés, je les regarde encore, disait-il, comme la honte de