Gentilshommes démocrates : le vicomte de Noailles, les deux La Rochefoucauld, Clermont-Tonnerre, le comte de Castellane, le comte de Virieu

CLERMONT-TONNERRE 177

Le roi ne le permit pas. — «Si nous succombons, dit d'Hervilly à Louis XVI, désavouez-moi, accusez-moi, et faites tomber sur moi la colère de l'Assemblée. Mon avant-garde sera appuyée par six mille royalistes enrôlés à Paris par M. de Clermont de Tonnerre. » Le roi persista-dans son refus ; cinq mois plus tard, la monarchie étaitofficiellement abolie.

De cette tentative de résistance faut-il conclure à un retour de Clermont-Tonnerre aux idées rétrogrades et à la vieille royauté aristocratique? Le gentilhomme avait montré simplement que l’on peut demeurer un démocrate et un parlementaire, sans être un niais.. Plût à Dieu que les émigrés qui, vers ce même temps, conspiraient à coup de gros mots et d’épigrammes contre leur pays, eussent prêté au trône la même aide courageuse! Peut-être y aurait-il encore une royauté !

Clermont-Tonnerre, comme tous ceux qui eurent ces courages, paya de sa vie la résistance à la superbe de la foule. Le 10 août 17992, son hôtel fut investi sous prétexte qu’il s’y trouvait des armes. Conduit à sa section, il fut absous comme il l’avait été déjà le 27 janvier 1790. Mais la municipalité, cette fois, ne protégea pas un citoyen qu'aucune investiture populaire ne faisait plus inviolable. Ferme comme un roc, il voulut, ainsi qu’une année auparavant, retourner seul chez lui. Il trouva la rue barrée par le peuple ivre encore du sang répandu dans la journéeaux Tuileries. Un cuisinier renvoyé de son service vint à passer ;