Gentilshommes démocrates : le vicomte de Noailles, les deux La Rochefoucauld, Clermont-Tonnerre, le comte de Castellane, le comte de Virieu

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de l'État. Les archives de famille du gentilhomme ne contiennent aucun détail sur cette organisation à la sourdine qui est un des titres faisantle plus honneur à son énergie. À une époque où la délation était partout, il avait soin, sans doute, de supprimer à mesure qu’il les recevait les preuves d’enrôlement dans l’armée qu'il était en train de former. Les hommes d’action sont rarement des vaniteux; ils ne pensent guère à la postérité. Les mémoires du temps ont heureusement gardé les traces de cette intelligente activité (1).

Un jour (ce fut le dernier), le 16 mars 1792, la royauté existait encore de fait. [l s’agissait de maintenir intactes les dernières barrières qu’elle pouvait opposer à sa ruine. Sur les injonctions dela plèbe, Jacobins et Girondins allaient enlever au roi sa garde constitutionnelle. Celle-ci, pourtant, était pleine de déférence pour la milice citoyenne et pour les institutions nouvelles. Mais elle avait le tort d’être sincèrement dévouée au monarque. Tandis que l’Assemblée législative réunie en séance de nuit diseutait le licenciement de cette troupe formée, disaitle député ‘Bazire, «de prêtres réfractaires, d’émigrés et d’Arlésiens aristocrates, » d'Hervilly, qui la commandait en second, vint dire à Malouët et à Montmorin : « Quel que soit le décret, je suis sûr de mon corps, et si le roi le permet, avec 1800 hommesje chasserai l’Assemblée. »

(4) Mémoires de M°° de Tourzel, t. IT, pages 118-119.

Mémoires de Malouët, t. Il, pages 211-212.

Vie de Marie-Antoinette, par Maxime de la Rocheterie, €. IT, page 359.