Gentilshommes démocrates : le vicomte de Noailles, les deux La Rochefoucauld, Clermont-Tonnerre, le comte de Castellane, le comte de Virieu

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les corps administratifs même leur obéissaient, et c’est à cette époque que le club monarchique s’est déclaré leur ennemi! Si la volonté générale adopte nos opinions, peut-être aurons-nous sauvé la France ; si elle lesajourne, nous attendrons:; si elle les rejette, nous obéirons, et sans jamais désespérer du salut de la patrie (1). »

Le vide, la solitude faits autour d’un dédaigneux de la popularité sont la marque des altitudes morales auxquelles son caractère est parvenu!

Ayantéchoué par la persuasion, Clermont-Tonnerre eut recours à la force. Mais ce ne fut pas dans les bandes de l’émigration qu'il alla la chercher. Respectueux des institutions que le peuple s’était données, à aucun moment il ne tenta de les renverser. Tout au contraire il conspira afin de conserver celle de toutes qu'il voyait la plus menacée, le pouvoir royal. Défendre le roi, c'était à ses yeux préserver la royauté démocratique. Il savait que les abus de la foule ne changent pas la nature de ses droits, et que la présence du mal ne supprime pas les bienfaits d’un principe. Donc, voyant le prince traqué par l’Assemblée législative et l'institution royale privée chaque jour d’une prérogative, que dis-je ? des plus élémentaires décences, il s’efforça d’enrôler secrètement des citoyens qui, au jour de la lutte suprême, seraient prêts à payer de leur vie le maintien du premier pouvoir

(1) Lettre de Stanislas de Clermont-Tonnerre à M, Duval Despréménil.