Gentilshommes démocrates : le vicomte de Noailles, les deux La Rochefoucauld, Clermont-Tonnerre, le comte de Castellane, le comte de Virieu

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ce que je venais d'apprendre et je merendis chez moi. La foule n’avait pas diminué et remplissait toute la rue; je l'ai traversée très doucement, donnant des explications à tous ceux qui paraissaient en désirer. Après avoir fait une centaine de pas, j'ai entendu derrière moi quelques cris à la lanterne ! Je me suis arrêté et retourné; j'ai remarqué un homme qui ne m'a pas paru du quartier et qui criait à la lanterne ! Je lui ai dit que s’il était payé pour ameuter contre moi, il ne gagnerait pas son argent. Le lanternier s’est trouvé dans une grande minorité, et j'ai continué ma route (1)... »

Au premier avis, l’Assemblée nationale expédia un ordre comminatoire à la municipalité de Paris pour que celle-ci eût à protéger la vie menacée d’un de ses membres. Malouët avait eu l’ascendant suffisant pour obtenir cette décision (2).

Le lendemain, « la Société des amis de la constitution » était dissoute par la municipalité. Le elub dit « des Jacobins » s’installait victorieux dans le local de ses délibérations.

Clermont-Tonnerre eut alors la douleur de subir les attaques non seulement des émeutiers, mais encore celles des royalistes. Ilsejustifia auprès d'eux dansune lettre célèbre adressée à son collègue d'Espréménil. « Les Jacobins régnaient, lui dit-il, vous vous taisiez;

(1) Compte rendu, par Clermont-Tonnerre à ses concitoyens; de ce qui s’est passé de relatif à lui, à l'occasion du club de la constitution dont il est membre.

(2) Séance du 27 janvier 4791.