Gentilshommes démocrates : le vicomte de Noailles, les deux La Rochefoucauld, Clermont-Tonnerre, le comte de Castellane, le comte de Virieu

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vœu de la majorité de l’ordre, aux communes représentées par le tiers état. Autant que qui ce soit, autant que son cousin le duc de la Rochefoucauld ou que Clermont-Tonnerre, il aura travaillé à ce grand acte constitutif de la démocratie.

De ce moment jusqu’au 923 août, il se tient coi : il n'intervient pas dans les débats préliminaires de la constitution; à peine sent-on que le malaise de la liberté travaille son cerveau.

Le 13 juillet, alors que Paris prélude au sac de la Bastille par des émeutes et des assassinats, il élève la voix pour que l'Assemblée intervienne auprès du roi à l’effet d'obtenir le rappel de Necker et définisse au plus vite les droits de l’homme. Il croit à la force des mots au lieu de croire à la force de la force.

Le 28 du même mois, à la suite d’une mutinerie de la flotte à Brest, il opine pour qu'un comité de quatre personnes choisi dans l’Assemblée soit investidu droit de violer le secret des lettres. « Je ne pense pas, dirat-il, qu'il faille des-inquisiteurs, ce serait un remède qui tournerait en mal, mais un comité qui informera publiquement (1). » Les néophytes de la liberté ont de ces erreurs d'optique que Y letsalus populi, suprema lex » explique sans les excuser. Le chevalier de Boufflers lui répondra non sans raison : « De telles mesures sont faites pour les tyrans, et il ne nous appartient pas d’avoir leur frayeur, leur crainte et leur làcheté (2). »

(1) Séance du 28 juillet 4789. (2) La monarchie n'avait jamais respecté le secret des lettres .